Comment l’agriculture peut-elle utiliser moins d’eau ?

Publié le 15 novembre 2023

Plus de sobriété. Voilà ce qui est demandé à l’ensemble des usagers de l’eau. Tous les secteurs sont concernés mais l’agriculture tient une place à part en raison des volumes d’eau consommés et de la nature vitale de sa production.

Combien d’eau l’agriculture doit-elle réussir à économiser ?

L’agriculture représente 58% de la consommation totale d’eau douce, devant la consommation d’eau potable (26%), le refroidissement des centrales électriques (12%) et l’industrie (4%). Ses efforts de sobriété seront donc déterminants.

Pour le moment, le chiffrage des économies d’eau demandé à cette filière n’est pas arrêté. Au niveau national et tout secteur confondu, l’objectif est une réduction de 10 % de la consommation d’eau d’ici à 2030. Chaque comité de bassin doit flécher cette réduction par type d’usage et par territoire.

Le financement du plan eau estimé à 475 millions d’euros repose sur une contribution de 10 % des agriculteurs. 37 millions seront perçus avec une redevance sur les pollutions phytosanitaires et 10 millions avec une redevance sur l’irrigation.

Quelles solutions techniques pour obtenir une agriculture plus sobre en eau ?

1- L’irrigation

Le développement de l’irrigation est un axe majeur de progrès à court terme. En France, seules 58.000 exploitations agricoles y ont recours soit 11 % des exploitants.

L’irrigation goutte à goutte est la méthode d’irrigation considérée comme étant la plus performante avec une efficacité de 95% environ. En comparaison, les systèmes par aspersion ont une efficacité d’utilisation de l’eau de 80% et la méthode par inondation à seulement 50 %

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2- Solutions de surveillance des conditions du sol

Un système d’information temps réel des conditions du sol doit être mis en place. Notamment une solutions de télégestion et de pilotage automatique de l’irrigation basée sur des logiciels d’automatisation de l’irrigation, des programmateurs d’arrosage et des compteurs communicants sans fil.

Les sondes capacitives

Les sondes capacitives sont des instruments capables de mesurer l’humidité du sol de manière précise. La présence d’eau dans le sol affecte la constante diélectrique entre deux électrodes, ce qui change la capacité mesurée par la sonde. Plus le sol est humide, plus la capacité est élevée.

Le suivi tensiométrique

Le suivi tensiométrique permet de mesurer l’humidité du sol à l’aide d’un instrument appelé tensiomètre. Ce dispositif permet de déterminer le moment optimal pour irriguer les cultures. 

3- Les outils d’évaluation de la demande en eau des cultures

Les capteurs flux de sève

Les capteurs de flux de sève sont des dispositifs qui permettent de mesurer le mouvement de l’eau à travers les plantes. Ils fonctionnent en détectant la quantité de sève qui circule dans le xylème, le tissu des plantes qui transporte l’eau des racines aux feuilles. Grâce à ces données, il est possible d’analyser la consommation d’eau de la plante et d’ajuster l’irrigation pour améliorer la croissance des plantes.

Mesure du potentiel hydrique foliaire

Le potentiel hydrique foliaire est une mesure de l’énergie de l’eau contenue dans les feuilles d’une plante. Elle indique à quel point il est facile ou difficile pour l’eau de rester dans la feuille ou de s’en échapper. Un potentiel hydrique élevé signifie que l’eau est retenue dans la feuille et qu’il y a moins de stress hydrique.

4- Solutions de maximisation du stockage dans le sol

La maximisation du stockage de l’eau dans le sol est une stratégie clé pour améliorer la résilience des écosystèmes agricoles face aux variations climatiques et à la sécheresse.

Couverts végétaux

Les couverts végétaux, comme les cultures intermédiaires plantées entre deux cultures principales, protègent le sol de l’érosion et de l’évaporation directe de l’eau. Leur système racinaire favorise la structuration du sol, ce qui améliore sa porosité et sa capacité à retenir l’eau. Ils agissent comme une éponge, absorbant l’eau durant les périodes pluvieuses et la relâchant lentement, ce qui réduit le ruissellement et l’érosion.

Ajout de matière organique

L’ajout de matière organique, telle que le compost ou le fumier, augmente la capacité du sol à retenir l’eau en améliorant sa structure et en augmentant la quantité de matière organique dans le sol, qui peut retenir plusieurs fois son poids en eau. Elle encourage également l’activité des micro-organismes du sol, qui contribuent à la formation de l’humus, améliorant encore la rétention d’eau.

Haies

Les haies et autres éléments de biodiversité, comme les bandes enherbées, agissent comme des barrières naturelles contre le vent et l’érosion, réduisant la dessiccation du sol et favorisant l’infiltration de l’eau.

5- Valoriser les eaux non conventionnelles

La récupération des eaux pluviales des toitures et la réutilisation des eaux usées traitées constituent des solutions techniques innovantes pour optimiser les ressources hydriques.

Ces méthodes permettent de capturer et de stocker l’eau de précipitations pour une réutilisation ciblée, tandis que le traitement avancé des eaux usées transforme un déchet potentiel en une ressource d’irrigation riche en nutriments, minimisant ainsi la dépendance aux sources hydriques conventionnelles.

6- Améliorer le stockage dans les sols, les nappes, les ouvrages

Une solution envisagée consiste à capter de l’eau de surface en période d’abondance pour l’injecter dans le sous-sol ou elle sera pompée ultérieurement.

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