Quelles sont les ressources en eau disponibles en France ?

Publié le 10 juillet 2023

A l’échelle nationale, il n’y a aucun risque de pénurie d’eau à court terme en France. Malgré une répartition inégale, la réserve en eau renouvelable reste abondante, mais en baisse depuis trente ans, soit environ 200 milliards de mètres cubes par an. C’est le double de l’Espagne. Les prélèvements pour les activités humaines représentent environ 33 milliards de mètres cubes. Les besoins sont donc largement couverts… pour le moment bien que les nappes phréatiques sont à un niveau préoccupant.

Toutefois, les besoins et les ressources en eau sont très déséquilibrés sur l’ensemble du territoire.

La bonne nouvelle est que les prélèvements eau douce baissent depuis 20 ans, mis à part ceux de l’agriculture qui restent stables. Par contre, la quantité d’eau que la France reçoit du ciel et des cours d’eau des pays frontaliers diminue depuis quelques années, ce qui doit inciter à mieux gérer la ressource.

Chiffres clefs des ressources en eau françaises

La France bénéficie de nombreux avantages quant à sa situation hydrique. Elle dispose d’une capacité de stockage élevée grâce à ses montagnes, son réseau hydrographique étendu, ses importantes nappes souterraines et d’une bonne pluviométrie moyenne.

Ressources en eau :

  • 480 milliards de m3 de pluie par an
  • 11 milliards de m3 d’eau provenant des fleuves transfrontaliers

Utilisations :

  • 321 milliards de m3 d’eau s’évaporent dans l’atmosphère chaque année
  • 170 milliards de m3 d’eau sont consommés, soit 2800 m3 d’eau par habitant et par an

Stocks :

  • Le stock d’eau souterraine est estimé à environ 2000 milliards de m3
  • Le stock d’eau de surface stagnante (lacs naturels, grands barrages et étangs) est estimé à environ 108 milliards de m3

Estimation des besoins du territoire métropolitain

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 46 % de la ressource annuelle en eau (97 Mdm3 pour la France hexagonale) devrait être laissée dans le milieu naturel pour ne pas induire de déséquilibre de l’écosystème.

Avec des prélèvements totalisant environ 32 Mdm3, les besoins en eau semblent donc couverts sans faire peser de risque sur la biodiversité.

L’agriculture est la première activité consommatrice d’eau avec 58 % du total, devant l’eau potable (26 %), le refroidissement des centrales électriques (12 %), et les besoins industriels (4 %).

Des ressources inégalement réparties

La bonne situation globale de la France laisse toutefois place à de forts déséquilibres.

Les ressources en eaux françaises varient selon les saisons ce qui conduit à des difficultés dans certaines régions en période de sécheresse.

💡 50% de l’eau est disponible sur 25% du territoire français.

En Bretagne, la faible capacité de stockage du sous-sol rend les eaux de surface vulnérables aux effluents d’élevage ce qui complexifie leur potabilisation.

En région méditerranéenne, le climat sec est plus enclin provoquer des situations de sécheresse ponctuelles, de même que le grand Sud-Ouest.

En région parisienne, la demande en eau dépasse les capacités naturelles de la Seine et des nappes phréatiques.

La répartition de la consommation varie énormément selon le bassin.
80 % du total d’eau est par exemple consommée par l’agriculture dans le bassins Adour-Garonne et 59% en Loire et en Bretagne. 36 % du bassin Rhin-Meuse est exploité pour la production d’électricité.

Des ressources qui diminuent

La quantité d’eau que la France reçoit du ciel et des cours d’eau de ses voisins a diminué de 14 % sur les 20 dernières années. Cette baisse est provoquée par le dérèglement climatique qui induisent des épisodes de sécheresses plus fréquents et des températures plus élevées.

Selon une étude du ministère de la Transition écologique, la France a ainsi perdu en moyenne annuelle 32 milliards de m3, ce qui réduit son stock d’eau à 197 milliards de m3.

Première cause : la baisse des précipitations de 6 % en moyenne depuis 2002 associée à une hausse de l’évapotranspiration de 3 %.

La situation s’est plus fortement dégradée dans les sous-bassins situés dans le Sud-Ouest.
Les sous-bassins de la Garonne connaissent nettement moins de précipitations avec une baisse estimée entre 7 % et 14 % par rapport à la normale.

Dans le quart nord ouest par contre, les stocks ont augmenté de 56 % à 62 % dans certains sous-bassins.

Pourquoi les nappes phréatiques sont-elles asséchées ?

Si à l’échelle globale, la France ne manque pas d’eau, il n’en va pas de même pour les nappes phréatiques.

Les pluies infiltrées dans le sol sont insuffisantes pour améliorer leur remplissage. En novembre, le BRGM indique que 65% des niveaux sont sous les normales mensuelles notamment sur le pourtour méditerranéen, le couloir Rhône-Saône et le sud de l’Alsace. Le BRGM estime donc que le risque de sécheresse estivale pour ces régions est très probable.

Pour rappel, fin août 2022, la quasi-totalité du territoire français subissait des restrictions d’eau et 700 communes ont eu des problèmes d’accès à l’eau potable.

Les solutions pour remédier à cette baisse vont de restrictions de l’utilisation de l’eau de la nappe par les particuliers et les agriculteurs en été, l’utilisation de bassines (une solution qui fait polémique), l’implémentation de solutions d’économies d’eau comme les systèmes de goutte à goutte…

Quelle est la différence entre un prélèvement d’eau et une consommation d’eau ?

Le prélèvement d’eau correspond à l’action de retirer de l’eau de sa source naturelle, que ce soit un lac, une rivière, un puits souterrain, ou autre. Ce prélèvement peut être effectué pour divers usages, tels que l’irrigation, l’alimentation en eau potable, l’industrie, l’énergie hydroélectrique, etc. L’eau prélevée n’est pas nécessairement toute consommée. Une partie peut être restituée à la source après utilisation, par exemple après traitement dans une station d’épuration.

La consommation d’eau se réfère à l’eau qui est effectivement utilisée et qui n’est pas restituée à la source. Cette eau est généralement utilisée de telle manière qu’elle n’est plus disponible car elle a été évaporée, transpirée par les plantes, incorporée dans des produits ou des cultures, consommée par les personnes ou les animaux, ou autre. C’est donc l’eau qui est en fait “perdue” pour le système d’où elle a été prélevée.

En moyenne, entre 2010 et 2019, le volume annuel d’eau consommée est estimé à 4,1 milliards de m3 en France métropolitaine soit environ 15 % des 27,6 milliards de m3 d’eau prélevée, hors alimentation des canaux), soit 64 m3/habitant.

Quelles solutions pour combler les inégalités d’accès à l’eau ?

Les inégalités dans la répartition et les besoins en eau sur le territoire français constituent un défi majeur. Ces déséquilibres nécessitent de trouver de nouvelles solutions pour le stockage et la répartition de l’eau. Cela pourrait inclure :

Amélioration du stockage de l’eau : cela peut impliquer la construction de nouveaux réservoirs ou barrages pour capturer et stocker l’eau pendant les périodes de précipitations abondantes. De plus, les techniques de recharge des aquifères pourraient être utilisées pour augmenter le stockage de l’eau souterraine.

Transfert d’eau entre régions : des canaux ou des pipelines peuvent être construits pour transférer l’eau des régions où elle est abondante vers celles où elle est nécessaire.

Utilisation plus efficace de l’eau : ceci peut impliquer la réduction du gaspillage d’eau, l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture et l’industrie, et l’encouragement à l’économie d’eau dans les ménages.

Recyclage de l’eau : le traitement des eaux usées pour les réutiliser peut également contribuer à réduire la pression sur les ressources en eau.