En 1997, la France a interdit l’usage de l’amiante après s’être rendu compte de sa dangerosité pour l’homme par voie respiratoire. Avant cette interdiction, l’amiante avait déjà été utilisée dans de nombreux secteurs notamment, celui de l’adduction en eau potable.

Aujourd’hui encore, 4% du réseau public de distribution d’eau destinée à être consommée est toujours composé d’amiante-ciment. L’eau du robinet transite potentiellement par des canalisations en fibrociment, un matériau aussi appelé amiante-ciment.

Les risques pour la santé semblent se confirmer.

État des lieux de l’Anses sur le sujet

D’après l’état de lieux de la revue scientifique menée par l’Anses, les risques liés à la présence de l’amiante dans l’eau consommée ne sont pas à écarter, si les canalisations sont très détériorées. Mais ils restent faibles lorsque les canalisations sont installées dans des sols stables et non-agressifs et que l’eau transportée est calcifiante. En effet, le dépôt de tartre protège la canalisation.

Cette étude a été initiée à la suite de deux études alarmistes, mais qui présentaient tout de même, des limites. Il s’agit de deux études d’une équipe de recherche italienne, parues en 2016 et 2017.

Environ 35 000 kilomètres de canalisations en amiante en France

En France, le réseau de distribution d’eau potable représente 800 000 kilomètres de canalisations. 4% de ce réseau vétuste est constitué de tuyaux en amiante-ciment, soit entre 32 000 et 35 000 kilomètres.

Difficile de se prononcer sur le lien de cause à effet, mais…

L’étude du danger de l’ingestion d’amiante pour la santé humaine, particulièrement dans le développement des cancers digestifs (estomac, foie, intestin grêle, œsophage, etc.), a nécessité de rassembler toute la documentation disponible tant chez l’homme que chez les animaux.

De l’analyse des quelques 5500 études ainsi mobilisées, les experts sont arrivés à la conclusion qu’aucune des données publiées ne permet de se prononcer sur l’absence ou la possibilité d’une association entre cancers digestifs et ingestion d’amiante.

La grande majorité des études sont anciennes comportent des limites méthodologiques empêchant de démontrer ce lien causal.

Toutefois, les travaux du groupe d’experts ont tout de même souligné l’existence de signaux suggérant un lien entre l’ingestion d’amiante et trois cancers spécifiques.

Il s’agit principalement des cancers du côlon, de l’estomac et de l’œsophage.

Toutefois, les études épidémiologiques réalisées en milieux professionnels rapportent davantage de cas de travailleurs atteints de ces cancers et qui ont justement été exposés à l’amiante.

Il est possible qu’une fraction de l’amiante inhalée par voie respiratoire puisse être déglutie et ainsi atteindre le tube digestif. Cela reste une éventualité, car pour l’instant, les experts n’ont pas pu quantifier cette fraction par rapport à celle qui a atteint les organes par voie respiratoire (poumons et circulation sanguine). Impossible donc d’extrapoler ces résultats à la seule ingestion par voie digestive.

Mettre en place des campagnes de surveillance

Conscients des usages passés de l’amiante dans certaines canalisations, l’Anses recommande donc de mettre en place des campagnes ciblées.

L’objectif de ces campagnes sera de détecter la présence éventuelle de fibres d’amiante dans les EDCH (Eaux Destinées à la Consommation Humaine) susceptibles d’en contenir.

Grâce à ces données, on pourra alimenter de futures études ou travaux de surveillance épidémiologique. A côté de ces campagnes ciblées, l’Anses conseille également de suivre l’état des canalisations en amiante-ciment afin d’assurer leur remplacement ou leur réhabilitation si elles se trouvent en état de dégradation.

A propos de l’amiante

L’amiante est une fibre minérale qui a été utilisée dans les matériaux et produits de construction pour l’isolation, l’ignifugation et l’absorption acoustique. L’amiante chrysotile est le type d’amiante le plus courant.

Lorsque les fibres d’amiante sont manipulées, elles peuvent libérer de minuscules particules de poussière qui peuvent être inhalées dans les poumons. Avec le temps, ces fibres peuvent endommager les poumons et causer de graves problèmes de santé, notamment le mésothéliome, le cancer du poumon et l’asbestose. L’amiante est un cancérigène humain connu. Plus de 50 maladies ont été liées à l’exposition à l’amiante.