L’association d’élus Intercommunalités de France a publié en mars une carte des points noirs des fuites sur les réseaux d’eau potable. Selon les chiffres qu’elle dévoile, 198 réseaux locaux présentent un taux de fuites supérieur à 50 %. La moyenne nationale se situe à 20% de pertes.

Les points noirs du réseau d’adduction en eau potable

Ces 198 réseaux locaux sont principalement situés dans les territoires montagneux, notamment dans les Vosges, les Hautes-Alpes, ou encore les Pyrénées-Orientales.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette sur-représentation des zones de montagne. La topographie difficile et l’accès limité compliquent les travaux de maintenance. Les conditions climatiques rigoureuses, avec des gels fréquents, endommagent les infrastructures. La faible densité de population réduisent les investissements en entretien. De plus, la complexité technique des installations nécessaires et les variations saisonnières des sources d’eau augmentent les défis de gestion et de maintenance.

Intercommunalités de France précise de façon plus large que le taux de rendement du réseau des services de moins de 3500 habitants est de 74,3 %, soit 7,4 points en-dessous de la moyenne nationale (selon une étude BDO et FP2E de 2023).

Carte des rendements du réseau d’eau potable

Un sous-investissement chronique

Dans le cadre du plan eau, le gouvernement avait annoncé une enveloppe supplémentaire de 180 millions d’euros consacrés à la lutte contre les fuites. Intercommunalités de France estime pour sa part que les investissements nécessaires se chiffrent plutôt à 5 milliards d’euros par an. Le linéaire des réseaux de distribution d’eau potable en France est estimé à 900.000 km.

Elle rappelle en outre que 300 000 personnes en France métropolitaine ne bénéficient pas d’un raccordement au réseau de distribution d’eau potable.

Plus de 8 millions de Français vivent dans les 5 667 communes qui assurent une gestion de l’eau autonome. Des communes majoritairement regroupées en zone de montagne.

Mutualiser l’entretien du réseau pour en assurer la qualité

Le message clef de l’Intercommunalités de France est que le transfert à l’intercommunalité est “l’opportunité de renforcer la programmation des investissements, notamment en vue de réduire les fuites, et pour répondre aux nombreux enjeux quantitatifs et qualitatifs qui pèsent sur la ressource en eau”.

« Les communes isolées n’ont pas les moyens d’entretenir leurs réseaux, il faut mutualiser la gestion de l’eau », a déclaré Régis Banquet, le vice-président chargé de l’eau de l’association.

Près de 5.700 communes assurent directement les services d’eau potable.
Environ 600 intercommunalités (soit 79 % des Français) en assurent la gestion.