Comment le réchauffement climatique va transformer les ressources hydriques en France

Publié le 5 décembre 2024

Il est difficile d’anticiper précisément l’évolution des réserves en eau en France en lien avec le changement climatique, mais certaines grandes tendances émergent. Le tableau n’est pas réjouissant : sécheresses plus régulières, davantage d’averses en hiver et moins de pluie en période estivale.

Une enquête « Explore 2 » réalisée par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) réalisée de 2021 à 2024 a examiné divers scénarios de changement climatique basés sur les modèles et simulations du GIEC.

En envisageant une augmentation des températures de +4°C en France d’ici à la fin du siècle, les experts ont identifié de grandes orientations, hautement probables quel que soit le scénario retenu.

Plus d’eau en hiver, moins en été

Premier enseignement : les modifications de la pluviométrie seront différentes selon les saisons et les régions.

Plus de pluies en hiver dans le nord (+24 %) et de 13 % de plus dans le Sud, et diminution en été (-23 % pour la France métropolitaine et jusqu’à -30 % dans le Sud-Ouest). Les épisodes de pluie seront plus intenses et plus concentrés.

Deuxième enseignement : plus d’épisodes de sécheresse intenses.

Les sécheresses dites « décennales » seront deux à trois fois plus récurrentes, notamment dans le tiers méridional du territoire. La proportion du pays affectée par un manque de précipitations doublera (passant de 10 % à 20 %), et celle concernée par une sécheresse des sols sera trois fois plus grande.

Troisième enseignement : baisse du débit des cours d’eau

Les débits des rivières diminueront de 15 % environ en été dans un scénario de réchauffement « modéré » et de 30 % dans un scénario « fort ». Les fleuves des Pyrénées ainsi que ceux des Alpes du Sud, seront particulièrement affectés à la fin du siècle.

De plus en plus de petites rivières se tariront : leur proportion augmentera nettement (de 25 % dans le scénario « fort ») entre juillet et octobre, partout en France.

Quelles solutions techniques pour contrer cette évolution ?

Ce tableau réaliste mais alarmiste dressé par les scientifiques donne le temps d’implémenter plusieurs solutions techniques.

  • Stockage de l’eau avec la création de réservoirs ou la recharge artificielle des nappes phréatiques.
  • Transfert d’eau entre régions avec des réseaux de canalisations pour acheminer l’eau des régions excédentaires (Nord, zones de montagne) vers les zones déficitaires (Sud-Ouest, zones méditerranéennes).
  • Amélioration de l’efficacité d’utilisation de l’eau notamment en agriculture avec des techniques d’irrigation économes, et au niveau des collectivités en réduisant les pertes dans les réseaux de distribution, notamment en modernisant les infrastructures vétustes.
  • Préservation des écosystèmes avec la restauration des zones humides naturelles qui agissent comme des éponges naturelles, stockant l’eau en période de pluie et la libérant lentement en période sèche.